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Tiphaine Menon
Article réservé aux abonnésHéritière du clan et directrice artistique de la vénérable griffe italienne, Silvia Venturini Fendi puise dans ses archives intimes et trace une route vers des lendemains résolument féminins.
En fêtant avec panache son centenaire, la maison Fendi a démontré qu’il y a quelque chose d’admirable à vieillir. Orchestré par Silvia Venturini Fendi, le défilé automne-hiver 2025-2026 de la griffe, à Milan, faisait office de grand banquet. Pour marquer le coup, pas de pièce montée ni de bougies, mais une séquence haute en émotion. Dans une salle aux lumières éteintes, deux petits garçons vêtus de blousons et de casquettes en fourrure ouvrent les portes du temple avant de laisser la place aux mannequins. Ce sont les petits-fils de la créatrice, Dardo et Tazio. La scène est un clin d’œil à un souvenir personnel de Silvia qui, enfant, prenait la pose dans le même uniforme pour une campagne de la maison en 1967.
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La cinquième génération fait le lien entre le passé, le présent et le futur d’une saga familiale de la mode qui débute en 1925. À l’époque, Adele et Edoardo Fendi ouvrent leur première boutique de maroquinerie et de fourrure via del Plebiscito, dans le centre de la capitale italienne. Fort de ses premiers succès, le couple surmonte la guerre, et c’est sur ces fondations solides que ses cinq filles bâtiront la légende.
Prenant la tête du business, Alda, Anna, Carla, Franca et Paola embauchent un jeune styliste allemand qui n’est autre que Karl Lagerfeld. Âgé de 32 ans, il signe chez Fendi en 1965, un des premiers postes de sa carrière, et se voit chargé de mener à bien les collections de prêt-à-porter. Il s’empresse de « désembourgeoiser » les peaux retournées et révolutionne les vestes à poils à grands coups de glamour seventies. Aux côtés des sœurs Fendi, il imagine l’iconique logo au deux F inversés. Acronyme de « fourrure fun », celui-ci place la maison sous le signe de l’optimisme et de la créativité. Rasée, assemblée en patchwork, teinte, dans ses collections les plus folles, la fourrure en voit de toutes les couleurs. Les défilés grandioses sur la Grande Muraille de Chine ou dans la fontaine de Trevi exportent le charme discret de la bourgeoisie romaine dans le monde entier…

Silvia, qui a grandi dans les ateliers, rejoint les rangs en 1992 et règne sur les collections d’accessoires à partir de 1994. Parmi ses faits d’armes, la création de l’emblématique sac Baguette, en 1997. Tout premier it bag signé Fendi, popularisé par Sarah Jessica Parker dans la série des années 2000 « Sex and the City », il se glisse sous le bras des modeuses. Rose et brodé de sequins ou décliné dans des matières précieuses, sa silhouette allongée et son fermoir à logo s’affichent encore au premier rang du défilé.

Depuis le départ de l’Anglais Kim Jones, Silvia officie seule à la direction artistique de la maison de couture. À ses côtés, pour écrire la suite de cette histoire de femmes avant-gardistes : sa fille Delfina Delettrez, en charge de la direction artistique de la joaillerie, lancée en 2023, et qui incarne avec sa sœur, Leonetta Luciano Fendi, la quatrième génération de la dynastie.
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Les secrets de style se transmettent entre femmes fortes. Le 26 février dernier, le show magistral provoque une émouvante standing ovation, fait rare dans le sérail de la mode. « Nous appelons l’esprit du défilé “Fendi-ness”. C’est quelque chose d’alchimique. Une obsession pour la qualité. Du luxe, un peu de fun et beaucoup de femmes incroyables, décrypte Silvia Venturini Fendi. En regardant les photos des débuts de Karl, j’ai voulu projeter dans la collection ma propre idée d’une féminité puissante et d’une masculinité douce. J’aime que l’homme et la femme Fendi s’empruntent des pièces l’un à l’autre. »
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Parées de bombardiers en cuir souple, de jupes midi rétro en tweed brodé et de manteaux longs enfilés sur des robes nuisettes en dentelle, les 86 silhouettes font la part belle à l’élégance italienne. « Je ne peux pas penser à Fendi sans penser à Silvia », affirmait avec admiration et affection Karl Lagerfeld. L’âme de la griffe, celle qui fait palpiter son cœur, désormais, c’est elle.
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